lundi 26 janvier 2009

Ange et dragons

Les créatures volaient en cercle, se rapprochant peu à peu et dévoilant leur apparence de dragons blancs fantomatiques aux ailes déchiquetées. Puis sans crier gare, ils fondirent en piqué sur les soldats près des murailles. Comme pétrifiés, personne ne bougeait. Les dragons immatériels passèrent sans que rien ne semble pouvoir les affecter, et s’éparpillèrent de chaque côté, traversant même parfois les hauts murs de pierre pour entrer dans la forteresse. Leurs naseaux ne crachaient aucune flamme, ils exhalaient une brume blanche qui se répandait doucement. Chaque homme qui la respirait semblait perdre l’esprit. Certains hurlaient et s’arrachaient la peau et les yeux, certains s’ouvraient le corps avec leurs propres armes, certains encore se jetaient sur le sol et se brisaient les os. Les sains d’esprit prenaient leurs jambes à leur cou, mais les combattants de la forteresse étaient piégés à l’intérieur même des murs qui quelques minutes plus tôt les avaient si bien protégés. Tous cherchaient à atteindre les hauteurs, et se précipitaient vers les escaliers escarpés, poussant les plus malchanceux qui tombaient sur les pavés, et s’ils ne mourraient pas sur le coup, devenaient des victimes de la brume. Le caporal et son subordonné assistaient à tout cela dans un mélange d’horreur et de fascination, perchés en haut des remparts.

Brusquement, l’Ange apparut. Ses longs cheveux sombres lui battaient le visage sous l’effet d’un vent violent. Son visage, bien qu’inhumainement beau, irradiait d’une aura de puissance et d’invulnérabilité. Elle portait une cuirasse pourpre légère laissant s’échapper ses grandes ailes de la couleur du sang séché. L’Ange tenait une longue épée argentée chargée d’inscriptions et de sculptures, dont la poignée dans laquelle était encastrée un rubis finement taillé brillait de mille feux, dévoilant l’usage d’une magie puissante. Une arme inutile pour un humain, qu’importe, elle n’était pas faite pour trancher la chair.
Elle leva un bras et un éclair s’abattit devant la forteresse sur une des créatures ectoplasmiques, faisant voler des morceaux de terre. Les dragons cessèrent leur impitoyable besogne pour se tourner vers elle. Comme s’ils s’étaient concertés, ils se ruèrent ensemble en poussant des cris aigus. Nullement effrayée, elle trancha l’aile du premier de son arme mystique, Le dragon poussa un cri avant de s’évaporer. Sans faiblir, elle poursuivit sa tâche, un sourire envoûtant et effrayant sur les lèvres. Virevoltant dans les airs, donnant de grands coups de taille dans chacun des monstres, les annihilant petit à petit, on ne voyait que de longues traînées rouges et blanches dans le ciel nocturne.

Quand tous les dragons blancs furent anéantis, elle s’envola vers le ciel, loin du champ de bataille. Il ne restait qu’une poignée de soldats vivants à l’intérieur de la forteresse, et tous les assaillants avaient soit pris la fuite, soit trouvé la mort, mais nul n’osait encore bouger, tous étaient trop choqués par les évènements.
Avalant sa salive, le jeune archer articula :
- Etait-ce … une envoyée des dieux ?
Le caporal ramassa son arc et s’assit sur le bord du rempart.
- Une envoyée des dieux peut-être … Mais je doute qu’elle soit venue pour nous aider.

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