dimanche 25 janvier 2009

Ange et dragons

Une odeur de sang et de mort flottait dans l’air. La nuit était tombée, et une pluie fine harcelait les hommes, engourdissant leurs membres L’armée occupait la forêt aux alentours de la forteresse sans que les feuillages des arbres ne retiennent l’eau ; l’assaut serait lancé d’un instant à l’autre. Les guerriers tentaient de chasser leur appréhension en accomplissant des tâches aussi inutiles que de vérifier une énième fois leur équipement. Certains se demandaient pourquoi ils allaient se battre, d’autres ne pensaient qu’à leur possible mort prochaine, ou alors l’anxiété les submergeait purement et simplement, restant tremblant en attendant le signal. Aucun ne parlait, partout régnait une peur sans nom.

Soudain, un sifflement discret se fit entendre. La peur se mua en terreur, atteignant son paroxysme. Pourtant, d’abord un par un, puis de plus en plus nombreux, les soldats quittèrent l’abri des arbres pour lancer l’offensive sur les murs de pierres froides. Plus puissante que la peur, la violence les avait envahis, entraînant des désirs furieux de meurtre et de destruction. L’épée au clair, la hache à la main, la lance prête à frapper, ils se précipitaient vers la bataille.

Une pluie de flèches s’abattit sur les premiers assaillants. Un, deux, dix, cinquante hommes s’effondrèrent, sans pour autant gêner leurs compagnons qui sautaient lestement par-dessus les corps. Les échelles étaient repoussées, quand les défenseurs ne faisaient tout simplement couler de l’huile brûlante. Le premier assaut était un échec. Mais les soldats se rassemblaient déjà pour repartir à l’attaque. Les balistes et les catapultes se mirent enfin en marche, projetant d’énormes blocs de pierres, et les murailles de la forteresse encaissaient chaque coup.

- Caporal, ils sont enragés ces gars-là !

- Ouais. Ça va pas être de la tarte. Mais la forteresse est solide, on peut arriver à les repousser, je pense.

- Regardez celui-là, il est complètement dingue. Il a trois flèches dans le corps et il continue à courir.

Le caporal visa et tira une flèche dans l’homme en pleine tête. Un de moins. Trois le remplaceraient. L’armée adverse avait un sacré avantage numérique. Et eux une sacrée réserve de flèches. Leur place forte comptait parmi les plus fortifiées du pays. Tant que les autres divisions repousseraient les échelles et protègeraient la porte, eux pouvaient canarder les assaillants à loisir. D’ailleurs, en vérité, lui-même comptait plus sur ses talents d’archers que d’épéiste.

Il décocha encore quelques flèches avant de remarquer que la pluie s’était arrêtée. Pourtant, il semblait faire encore plus froid. Il frissonna et arma son arc.

- Oh merde, caporal ! Qu’est-ce que c’est que ça ?!

Le caporal jeta un coup d’œil à son subordonné qui fixait les nuages. Suivant son regard, il aperçut des curieuses formes blanches qui se détachaient dans le ciel. De surprise, il lâcha son arc et étouffa un cri.

- Bon sang ! Mais qu’est-ce qui se passe … ?

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